La couleur, c’est la vie ! Et pourtant… elle disparaît de notre monde
Dans nos garde-robes, sur les façades de nos maisons, dans la décoration intérieure, jusqu’aux films que nous regardons… la couleur semble s’effacer, lentement mais sûrement, de notre quotidien. Ce phénomène, observé depuis plusieurs années en Occident, est loin d’être anodin. C’est un signal d’alerte silencieux, révélateur d’une uniformisation de notre environnement, de nos goûts… et peut-être même de nos émotions.
L’article « Vers un monde grisâtre ? Pourquoi la couleur disparaît-elle de nos environnements et intérieurs » l’explique très bien : la mondialisation et l’industrialisation ont conduit à une standardisation des couleurs dans presque tous les domaines. Gris, blanc, noir et beige dominent désormais nos paysages visuels — dans les objets, les vêtements, les voitures, la décoration, l’architecture et même… le cinéma.
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Pourquoi est-ce inquiétant ?
Cette disparition progressive des couleurs n’est pas qu’un caprice esthétique. Elle traduit quelque chose de plus profond : une neutralisation sensorielle, un lissage émotionnel, une forme de désengagement symbolique et culturel.
Un monde gris est un monde qui cherche à ne pas déranger. Mais c’est aussi un monde qui risque de ne plus vibrer.
Les couleurs vives sont porteuses d’identité, d’expression, d’humanité. Les effacer, c’est aussi effacer les contrastes, les prises de position, les élans. C’est appauvrir notre rapport à l’émotion, à la différence, à l’authenticité.

Couleurs et cerveau : un lien vital
Ce que la science confirme : les couleurs ont un impact direct sur notre psychisme.
- Les tons froids (bleu, vert, violet) calment, apaisent, structurent. Ils favorisent la concentration et le repos.
- Les tons chauds (rouge, orange, jaune) dynamisent, réchauffent, stimulent la production d’hormones du plaisir et de la motivation.
- Le jaune, en particulier, est associé à l’optimisme, à la créativité et à la clarté mentale.
Lorsque la couleur disparaît, ce sont nos sensations, nos pulsations, notre énergie intérieure qui s’émoussent.
La couleur comme acte de résistance sensible

Chaque année, Pantone, référence mondiale en matière de couleurs, publie sa « Color of the Year », ainsi qu’un rapport détaillant les raisons socio-culturelles derrière ces choix. C’est une manière de lire les mouvements intérieurs de la société à travers les teintes qu’elle ose — ou n’ose plus — afficher.
En 2022, le « Very Peri », un violet audacieux et créatif, symbolisait un désir d’innovation. En 2024, le « Peach Fuzz », ton chaud et tendre, évoque un besoin de douceur et de lien humain.
Quand les couleurs parlent, c’est toute une société qui chuchote ses peurs, ses besoins, ses espoirs.
Uniformisation numérique et design sans âme
Dans les interfaces numériques, la tendance est la même : gris, noir, blanc cassé. Susan Kare, pionnière du design graphique chez Apple dans les années 80, défendait au contraire une esthétique ludique, joyeuse, expressive. Aujourd’hui, les interfaces iOS ou Android misent sur la neutralité, la discrétion… au détriment parfois de la personnalité.
Et si la couleur redevenait un choix conscient ?
La bonne nouvelle ? Rien n’est irréversible. Il est possible de réintroduire la couleur dans nos vies, de manière délibérée, créative, joyeuse. Voici quelques pistes simples pour commencer :
Chez soi
- Repeindre un mur en jaune soleil ou vert forêt
- Accrocher une œuvre colorée
- Ajouter des coussins, des objets ou des plantes aux teintes vibrantes
Dans ses vêtements
- Porter une écharpe rouge, un t-shirt turquoise, une robe fleurie
- Oser une couleur que l’on n’a jamais portée
- S’autoriser à “sortir du cadre” vestimentaire
Dans ses créations
- Utiliser des crayons de couleur, des feutres, des pastels
- Explorer l’impact émotionnel d’une teinte dans un dessin libre
- Se reconnecter au plaisir de “mettre de la couleur” sans chercher à “bien faire”

Et si remettre de la couleur, c’était remettre du vivant dans nos vies ?
En tant qu’art-thérapeute, je vois chaque jour combien les couleurs agissent comme des messagères émotionnelles. À travers des outils comme le Zentangle®, le Journal Créatif®, le collage ou la peinture intuitive, on apprend à réentendre notre langage intérieur.
- Les couleurs réveillent nos élans profonds.
- Elles nous aident à nous autoriser à ressentir.
- Elles nous reconnectent à ce qui vibre, ce qui est vrai, ce qui est nous.
Et vous ? Que diriez-vous d’en faire un acte symbolique ?
Peindre, porter ou simplement contempler une couleur qui vous parle : parce que résister à la grisaille ambiante, c’est aussi une manière de cultiver la joie, la créativité, l’humanité.
📚 Aller plus loin et découvrez l’article : La symbolique des couleurs en art-thérapie.
Un guide pour comprendre comment chaque couleur dialogue avec nos émotions et notre inconscient.